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Manifeste pour une Plateforme Autonome Internationale.

[Ce manifeste n’est pas le manifeste de la Plateforme Autonome, car celle-ci n’existe pas encore mais en cours de construction. Il appelle à la constitution de la Plateforme, et tente de définir et d’expliquer son utilité, sa structure possible et ses objectifs.]

 

« Est révolutionnaire toute action qui conduit effectivement à la révolution ».

L’insurrection n’est pas la révolution. L’émeute n’est pas l’insurrection. Si émeute et insurrection ont des bienfaits du point de vue du renforcement du lien au sein d’un groupe et participe à créer un sentiment de solidarité commun entre les participant.e.s et/ou spectateurs et spectatrices, ces coups d’éclats sont loin d’avoir la portée que nos poèmes et constats théoriques leur donnent. Il faut questionner le potentiel constructif qu’engendre la destruction du point de vue révolutionnaire. Sans lien concret et quotidien entre les gens et les lieux dans lesquels ils évoluent, l’instant insurrectionnel ou émeutier est voué à se reproduire sans autre achèvement qu’une solidarité lointaine qui, si elle fut une grande réussite et un grand pas dans les luttes récentes (de la Loi Travail aux Gilets Jaunes), peine à dépasser son cadre temporel et géographique.

 

Critique de l’émeute : le problème du temps et de l’espace.

Le temps d’abord, car une fois la dispersion de la dernière manif sauvage l’élan est rompu. On recommencera certes la prochaine fois, avec plus ou moins de fulgurance et de réussite, c’est selon, mais on ne dépassera pas le stade dans lequel nous avions laissé la dernière émeute. Casser plus peut avoir un impact important dans l’instant par exemple, comme le démontre l’émeute du samedi 16 Mars qui fut suivi par une forte réaction politico-médiatique ainsi que d’une solidarité très forte du côté des Gilets Jaunes, qui fustigeaient en grande majorité les « black blocks » et autres « casseurs » il y a de cela quelques mois. Cependant, le stade de construction reste le même, ou plutôt, il se cantonne aux mêmes domaines, à savoir une construction lointaine de la solidarité entre personnes et groupes isolé.e.s les un.e.s des autres. Cette affirmation se vérifie dans de nombreux cas de figures, que ce soit pour des mobilisations qui se répètent – un jour par semaine par exemple, ou pour des mobilisations continues sur plusieurs jours. Le G20 d’Hambourg fut, pour beaucoup de militants, un climax phénoménal par exemple. Pendant une semaine entière la ville fut rythmée par nos actions, jusqu’à ce que le quartier de Sankt Pauli devienne la capitale mondiale de l’émeute pour une nuit un vendredi. Aujourd’hui, que reste-t-il de cela, si ce n’est des souvenirs et un romantisme nostalgique ?

L’espace est également un paramètre clé pour comprendre la stagnation de nos actions et de leurs résultats. Nous n’avons pas d’espace révolutionnaire en milieu urbain, si ce n’est l’espace créé par l’émeute, mais qui ne devient jamais au mieux qu’insurrectionnel, cet espace étant cantonné au temps de l’émeute. La rue n’est à nous que lorsque l’on crie qu’elle l’est, et encore, bien souvent elle ne l’est que le temps que prennent les camions de CRS pour se mettre en marche.

 

Le temps de l’émeute empêche l’espace révolutionnaire de se créer, et créer un temps révolutionnaire nécessite de dépasser l’espace de l’émeute.

Il faut donc construire un autre espace-temps, dans lequel l’émeute et la création de solidarité qui en découle ont bien entendu une place importante, mais dans lequel l’instant de l’émeute dispose d’un avant, d’un pendant et d’un après. Concrètement – pour quitter la théorie rébarbative qui marque bien souvent les organisations en cours de formation, il nous faut des espaces révolutionnaires. Ces espaces sont des groupes et/ou organisations qui occupent des lieux concrets. Des lieux ancrés dans des territoires fermes (bâtiments, quartiers, etc.) et des réseaux de communication (réseaux sociaux, conversations, etc.) permanents dans lesquels se retrouver, se préparer, et échanger ; mais plus important encore, il faut une structure qui relie ces points pour former un seul et même espace, une plateforme révolutionnaire.

Pour reprendre l’exemple du G20 à Hambourg, sans des bâtiments dédiés à la cause qui était la nôtre nous n’aurions jamais pu tenir la ville comme nous l’avons fait. Le Rote Flora – entre autres – et la présence d’organisations dévouées à la transformation d’Hambourg en espace insurrectionnel furent cruciaux pour faire de cette mobilisation un succès, et plus important pour créer une atmosphère pré-révolutionnaire. Cependant, malgré ce niveau important d’organisation, cet espace-temps ne devint jamais révolutionnaire. Le G20 – comme les manifestations contre les réformes libérales, est en effet un « rituel de résistance ».

Ces rituels de résistance sont toutes les actions dont l’objectif est de résister à un ou plusieurs objets politiques sans jamais les dépasser pour amener à un changement politique et social global. Ainsi, si les autonomes ont réussi au cours de ces dernières années à durcir les rituels de résistance, notamment pendant la Loi Travail ou le mouvement des Gilets Jaunes, ces rituels ne sont jamais devenus révolutionnaires. Ils ne pourront d’ailleurs jamais le devenir, tout simplement parce que le socle organisationnel de ces rituels et l’espace-temps qui leur est accordé n’ont pas pour objectif d’amener à une révolution. Ainsi, si les autonomes ont transformé les manifestations, celles-ci les ont grandement influencé en retour, en faisant de l’émeute le pinacle de l’action autonome – du moins en apparence. Si cette réalité est de plus en plus critiquée depuis fin 2016, force est de constater que nous y retournons à chaque fois que de nouvelles manifestations importantes se déroulent. Certes cela permet de « radicaliser » certaines personnes, cependant nombre d’entre nous constatent la dépolitisation de nos cortèges face à l’arrivée d’individus, d’ « alliés », refusant la « politique ». Bref, l’impasse émeutière à son paroxysme.

Pour dépasser cette impasse il faut transformer et/ou remplacer le socle organisationnel qui commande, ainsi que les objectifs qui sont donnés par les « mouvements sociaux ». L’objectif final est la révolution sociale, son socle organisationnel pourrait être la plateforme autonome.

 

Plateforme : contre la centralité et l’autoritarisme.

Le mot plateforme peut faire peur, car il peut facilement être associé à l’image du parti politique, ou de l’organisation hiérarchisée. Si le fait même de réunir différentes organisations sur une même plateforme implique forcément des contraintes au nom de la responsabilité collective que les groupes seront amenés à définir entre eux, nous rejetons toutes formes de centralité et/ou d’autoritarisme. Le but n’est absolument pas de construire un Secrétariat ou une Centrale qui dirait quoi faire à quel moment, qui donnerait des directives.

Premièrement ces organisations ne sont pas révolutionnaires, jamais une bureaucratie autoritaire ne pourra en effacer une autre, « au mieux » elle la remplacera.

Deuxièmement, aucun groupe autonome ou un tant soit peu porter sur l’autonomie n’acceptera cela, et il serait bien fou de l’accepter.

Troisièmement, dans l’éventualité ou un tel arrangement serait fait, une organisation structurée de cette manière serait contre-productive, réduisant tout ce qui fait la force de l’autonomie.

Quels seraient les objectifs et la forme de cette plateforme si son but n’est pas la coercition ?

 

Plateforme : briser l’entre soi interpersonnel, ouvrir l’autonomie à tous.

Un but premier de l’organisation est de mettre en relation des gens/militants isolés, afin de renforcer notre camp. L’autonomie a pour elle l’initiative et l’imprévisibilité, accessibles à toutes et tous, du moins en théorie. Car en réalité, nos groupes et organisations sont bien souvent des territoires de socialisation très fermés. Nombre de personnes sont enjointes par ces groupes affinitaires à créer leur propre groupe, ce qui pour une personne n’ayant pas ou très peu de contacts, de théorie et/ou de pratique à son actif est très difficile et démotivant. Ainsi, notre organisation se doit d’être ouverte et de lutter à tout prix contre l’entre soi qui paralyse et finit par détruire la plupart de nos groupes.

Briser l’entre soi interpersonnel, c’est-à-dire celui qui implique les individus eux-mêmes et leur relation les uns aux autres au sein du groupe, est une étape clé dans le combat révolutionnaire. Il faut dépasser le militantisme d’amitié, dépasser le cadre affinitaire de la révolte qui, s’il est très important pour la constitution première des groupes, les limite une fois constitués, ne leur laissant plus que le choix de mourir au gré des dissensions ou des différents chemins que la société fait prendre aux individus. Trop d’organisations et de groupes ont explosé pour des raisons stupides, pour des guerres d’ego qui ne disaient pas leur nom, ou parce que la ou le membre clé avait quitté le groupe. Il ne doit pas y avoir de membre clé, de noyau central qui sous l’apparence d’un fortifiant serait en réalité une faiblesse pouvant mener à la mort du groupe.

Les groupes doivent donc s’ouvrir et aller chercher les individus partout où ils le peuvent, que ce soit dans leurs quartiers ou à des évènements définis. Le faire dans un quartier peut créer un espace de socialisation militant qui peut créer un effet boule de neige, que ce soit par le biais des réseaux de connaissances des gens qui s’intéressent aux groupes, ou par le biais de la construction d’un espace actif par lequel les gens passent. Le faire au cours d’un événement peut permettre de mettre en relation des individus isolés avec les groupes déjà existants dans ou autour de leurs lieux de vie, ou bien de conduire ces mêmes individus à former eux-mêmes des groupes en suivant la même forme d’autonomie ouverte que nous proposons, et en les soutenant dans ce processus.

De plus, tout le monde doit pouvoir participer autant que possible, selon ses capacités. Il est clair que certaines personnes seront plus « actives » que d’autres, pour diverses raisons : économiques, charismatiques, physiques, psychologiques, etc. Mais ces différences de participation doivent être limitées au maximum. Il faut pour cela que tous les individus soient encouragés à participer selon leur capacité, peu importe leur ancienneté ou leur prétendue légitimité militante. En tant que groupes révolutionnaires, les groupes autonomes doivent se rapprocher autant que possible de l’égalité de participation qui transparaîtrait dans la société révolutionnaire. Ce principe est intimement lié à l’idée de pouvoir. Aucun individu ne doit avoir la possibilité de prendre le dessus sur les autres. Ainsi, s’il est tout à fait possible et même nécessaire de déléguer certaines tâches à certaines personnes, le groupe doit effectuer un contrôle permanent sur les actions des individus qui le composent.

 

Plateforme : briser l’entre soi territorial, construire une solidarité permanente.

Briser l’entre soi territorial est également un élément clé. Si les solidarités intra-nationales et internationales sont des réalités, force est de constater que leurs évènements et leur mise en place sont bien souvent ponctuels – ils ne sont pas fréquents et/ou uniquement symboliques, ils affichent une solidarité mais ne construisent pas au-delà de la simple relation lointaine déjà définie plus haut. Un événement ponctuel peut être illustré par le convoi anarchiste en soutien à Exárcheia en Grèce, et un événement symbolique peut être illustré par une photo prise entre deux groupes qui se sont rencontrés à un moment donné pour échanger ou participer à un événement culturel comme un concert par exemple.

L’objectif est donc une mise en relation continue des individus et groupes autonomes, que ce soit sur un territoire local, régional, national ou à l’international. En procédant ainsi, on s’affranchit du mieux que l’on peut des limites imposées par les frontières, en postulant qu’un autonome opérant d’abord en France n’est pas pour autant un autonome français mais un autonome tout court. De plus, cela induit un élément clé de ce que devra contenir l’idée de responsabilité collective, à savoir que nous devons considérer qu’agir en dehors de notre espace de base est une prérogative de l’autonomie. Le G20 est bien entendu une illustration forte de cela, car il réunit des autonomes de différents espaces. Mais cette réunion est intrinsèquement rituelle.

 

Construire notre monde aux abords de l’ancien. Pénétrer ses frontières et le destituer. Voilà quel est le sens de la révolution au 21ème siècle.

La forme adoptée par la Plateforme, nous l’avons vu, a pour objectif de s’affranchir en partie des frontières, au moins psychologiquement si ce n’est concrètement. En finir avec l’idéologie du pouvoir ne peut se faire que si dans nos esprits, cette idéologie n’a plus de prise. Il faut donc que nous construisions nos groupes et nos relations dans l’optique d’arriver à ce résultat ; et que ce résultat prenne des formes concrètes dans la lutte révolutionnaire et la solidarité permanente nécessaire à cette lutte. Il ne s’agit pas ici de prétendre construire un modèle de société, c’est-à-dire d’appliquer un plan comme un architecte qui construirait un bâtiment. Il s’agit en réalité de définir un horizon révolutionnaire, et de tout faire pour s’en approcher, tout en gardant toujours à l’esprit que rien de ce qui touche aux sociétés humaines ne sera jamais parfait. La recherche de la perfection a un caractère totalitaire que nous devons refuser à tout prix.

Nous nous mettons ici dans la droite ligne du discours Zapatiste : « preguntando caminamos », ce que nous pourrions essayer de grossièrement traduire par « en nous interrogeant nous marchons ». Nous proposons la forme et les objectifs de la Plateforme autonome par rapport au contexte présent, par rapport aux victoires mais surtout aux défaites de ces dernières années. Si la Plateforme a bel et bien vocation à être une structure décentralisée, et que les différents groupes encourage la participation maximum de tous les individus qui les composent ; si la Plateforme  et ces mêmes groupes désirent éviter d’être corrompus par un pouvoir qui s’immiscerait au fur et à mesure au fil de leurs possibles victoires et/ou défaites ; si la Plateforme et les groupes veulent se diriger vers un horizon révolutionnaire qu’ils savent nécessairement imparfait ; nous nous devons de faire en sorte que cette Plateforme et ces groupes mettent tout en œuvre pour qu’aucune forme définitive et immuable ne puisse émerger.

Là où les structures que nous affrontons se transforment uniquement pour défendre leur base immuable, à savoir les relations de pouvoir – qui sont nécessairement des relations d’oppression nous le précisons, nous devons être capables de changer du tout au tout si le contexte l’exige, que ce soit globalement ou de manière locale, par exemple si notre force prend de l’ampleur ou que la répression se fait plus forte dans certains endroits. L’adaptation est une des clés de la révolution. La Plateforme n’est pas un Parti. Une telle structure empêcherait toute évolution et adaptation contextuelle de la Plateforme à la réalité qui est la sienne, et empêcherait donc toute possibilité de marche révolutionnaire. Ainsi, la Plateforme doit pouvoir changer de forme lorsque le contexte l’impose. Pour cela, aucun pouvoir qui désirerait naturellement survivre ne doit être capable d’émerger. Une Plateforme réellement révolutionnaire doit savoir quand une structure doit évoluer, voire même quand elle doit mourir. D’ailleurs, si la Plateforme réussit à achever ses objectifs, elle n’aura d’autre choix que de disparaître au profit de l’organisation communiste de la société.

 

Destituer le pouvoir et son idéologie.

Il convient maintenant pour compléter cette ébauche de définition de ce que l’on peut qualifier de Plateforme Autonome par présenter l’ennemi et le moyen de s’en débarrasser. L’ennemi, c’est l’idéologie du pouvoir, et le moyen, c’est la destitution.

Par idéologie du pouvoir nous entendons tout ce qui, depuis les bases philosophiques et théoriques de tous les siècles et de toutes les régions du monde jusqu’aux pratiques maximales ou minimales de tous les siècles et de toutes les régions du monde, construit la domination d’une part de l’humanité sur une autre. La définition et les implications de cette domination sont très larges et englobent des éléments dépassant les limites des structures sociales, la surexploitation de l’environnement étant un bon exemple de domination indirect et de destruction du bien-être de certain.e.s populations et modes de vie au profit d’autres populations et modes de vie. En France et plus largement dans le monde occidental, l’idéologie du pouvoir postule que les structures étatiques protège l’humanité d’elle-même, la coercition et l’ordre étant les clés de la paix. Les contre-exemples à cette idée sont légions, que ce soit au niveau des affaires intérieures ou extérieures, ou bien sur des questions de conflits ou encore de violence quotidienne. Hobbes peut-être perçu comme l’un des plus influents représentants de ce courant philosophique, prisonnier d’une période trouble de l’Histoire, de son héritage philosophique et culturel ainsi que de ses propres peurs irrationnelles, comme c’est encore le cas de beaucoup d’entre nous à l’heure de la Guerre permanente contre le terrorisme. Lutter contre cette idéologie c’est donc lutter contre l’État, mais également contre les autres structures qui précèdent ou découlent de la structure étatique, qu’elles soient de nature économique, culturelle, sociale, de genre, etc.

Par destitution, et comme le laisse présager notre argumentation précédente en faveur de la Plateforme, nous entendons la construction d’un monde perpendiculaire à l’ancien, c’est-à-dire, un monde qui échappe autant que faire se peut à l’emprise philosophique, physique et psychologique de ce dernier de par la déconstruction méthodique de ses présupposés ; mais également, un monde qui croise l’ancien, le transperce et l’efface petit à petit, institution par institution. C’est là que se trouve la possibilité d’une réelle autonomie, et à termes d’une réelle révolution. Concrètement, les réalisations pratiques d’une telle affirmation sont floues, très floues. Mais cela ne doit pas pour autant paraître complètement abstrait et irréalisable. Partie de la déconstruction méthodique de l’influence de l’idéologie du pouvoir est de repenser nos modes de vie, ce qui est déjà engagé depuis longtemps dans les « théories communistes » et affiliées – nous entendons par « communiste » l’horizon révolutionnaire de suppression des dominations et d’avènement de la commune.

  • Récemment, les ZADs démontrent tout le potentiel révolutionnaire et créatif de l’autonomie, malgré leur relatif isolement.
  • Au Chiapas, la construction de structures autonomes a pour but d’effacer au maximum l’État mexicain des territoires Zapatistes, même si le pouvoir est encore très présent dans la structure des municipalités Zapatistes.
  • Au Rojava, la question de la domination et de la centralité du pouvoir est centrale, et le processus engagé, bien que critiquable en de très nombreux points sur les questions d’autonomie, revendique l’atomisation des pouvoirs régionaux dans les communautés, villages et quartiers des territoires tenus par les forces révolutionnaires.
  • Pour donner un exemple issu de l’histoire anarchiste révolutionnaire, la prise de Barcelone par la CNT-FAI suite au coup d’état de Franco ne fut rendu possible que par l’existence d’une structure parallèle à celle de l’État, autour des syndicats et de quartiers ouvriers révolutionnaires.

Cette accumulation d’expériences n’a pas pour but de donner une direction à suivre à ceux qui lisent ce texte, de fantasmer ou idéaliser certaines réalisations, mais à montrer que la déconstruction est déjà en cours, qu’elle est individuelle et collective, ancienne et contemporaine, locale et internationale. Comme énoncer précédemment, chaque contexte définira comment nous nous organiserons pour destituer les institutions qui nous entourent.

Chaque institution et manière de vivre doivent être questionnées une par une, tout en gardant à l’esprit qu’elles sont toutes, d’une manière ou d’une autre, affiliées et/ou co-dépendantes.  Ainsi, questionnons la police, son rôle, ce que son effacement de nos vies apporterait, comment effectivement l’effacer, comment pallier au vide possible que cela créerait dans une société qui n’est pas – et ne sera sans doute jamais – débarrassée de son idéologie de la domination et du pouvoir. Faire de même avec tous les éléments qui constituent les structures qui nous entourent.

 

Questionner et déconstruire ; construire et destituer ; se questionner encore. Avancer.

Pour résumer, la Plateforme Autonome se veut créatrice de liens entre individus et organisations révolutionnaires, autour de la destitution de l’idéologie du pouvoir, c’est-à-dire de la domination des un.e.s par les autres, que ce soit sur des critères économiques, sociaux, culturels, religieux, de genre, sexuelles, etc.

Un des objectifs majeurs de cette Plateforme est la création d’espaces révolutionnaires : des espaces de socialisation et d’organisation dans le but de poursuivre un idéal révolutionnaire que l’on sait impossible à atteindre.

Ces espaces ont pour but de s’étendre et de supplanter le monde existant en le destituant, c’est-à-dire en le rendant obsolète. Ils ne doivent en aucun cas être coupé des ces institutions, le repli sur soi ou sur une communauté n’étant pas un acte pouvant conduire à une révolution.

La Plateforme n’est pas un Parti, elle ne donne pas de directive, elle se veut être un organe de coordination des groupes autonomes pour amener à la destitution du monde. Elle n’a pas de forme définitive, et est amenée à se désagréger petit à petit une fois ses objectifs remplis.